Déconfinement : prendre la température à l'accueil sur site ?

Que ce soit pour équiper l'accueil des centres commerciaux ou celui des sites d'emploi, l'offre en matière de mesure de température corporelle (détection de fièvre) est aujourd'hui abondante, et nous proposons ici à nos visiteurs et clients quelques éléments d'information et de réflexion pour leur permettre de s'orienter dans ce domaine complexe.

Efficacité :

La température d'une personne en bonne santé est en général comprise entre 36,5°C et 37,2°C. Les personnes malades d'une infection peuvent avoir de la fièvre, notamment dans le cas du Corona Virus Covid-19, et présenter une température de 38,5°C ou plus. Mais la fièvre peut être causée par une autre infection (par exemple une grippe), et il faut savoir que certaines personnes atteintes du Coronavirus de type Covid-19 sont potentiellement contagieuses sans fièvre : au début de la maladie, ou pour une partie des malades dits asymptomatiques, qui n'ont pas de fièvre, et peuvent toutefois être contagieux. Des débats sont encore en cours également pour déterminer pendant combien de temps des patients déclarés guéris, qui n'ont plus de symptômes, sont potentiellement toujours contagieux : une semaine ou deux peut-être. On peut donc estimer que la prise de température systématique va permettre de filtrer une partie des personnes contagieuses à l'entrée des sites (sans doute 60 à 80%), mais pas leur totalité. Il faut donc être conscient que le contrôle n'exempte pas les personnes une fois entrées sur sites d'appliquer les gestes barrières et toutes les précautions de distanciation recommandées pour le Covid-19.

Légalité :

Deuxièmement, la mesure de température est un acte qui, juridiquement, n'est pas bénin. L'information est au croisement des lois sur les libertés individuelles, des données de santé, du RGPD, du CHSCT (dans le cas des salariés) voire de la discrimination. Il faut être très prudent dans la mise en place d'une solution, dans un cadre privé, et à l'écoute des décrets, arrêtés, jurisprudences qui seront sans doute assez prolixes au fil du déploiement prochain de ces outils dans notre pays. A minima, un opérateur mettant en place un tel outil devrait avertir les personnes avant qu'elles n'entrent dans le dispositif, afin de s'assurer de leur consentement, leur donner la possibilité de rebrousser chemin, ou de ne pas s'y soumettre. Il ne devrait aussi enregistrer aucune information, et enfin prévoir une doctrine de traitement des personnes détectées comme fiévreuses qui soit conforme à la loi. En particulier, même lorsque ces outils sont fiables, il y a toujours une possibilité théorique d'erreur de mesure. Le traitement d'une personne détectée comme fiévreuse doit donc être mené dans le cadre d'une discussion privée, avec des conseils (aller consulter, faire vérifier) ou des médecins du travail, et surtout pas d'humilier ou de mettre la personne dehors manu militari. Pour le filtrage de salariés, l'accord du CSE/CHSCT sera demandé, et pour le filtrage des sous-traitants, on prendra la précaution de recueillir au préalable l'accord de principe de leurs employeurs. On pourra également prévenir les Visiteurs avant leur arrivée sur site et recueillir par avance leur consentement.

Technologies et niveaux de prix :

3 catégories d'outils "sans contact" existent pour mesurer cette température : les thermomètres individuels sans contact, les caméras de poing directionnelles, et les caméras fixes, cette dernière étant la plus fiable et la moins intrusive. La prise de mesure doit se faire sur la peau nue, à un endroit qui reflète bien la température, comme par exemple le creux de l'oreille, ou les yeux. En effet, il est possible de passer une serviette humide sur son front et de refroidir quelques instants la peau, modifiant ainsi sa température apparente.

Le thermomètre individuel est assez intrusif : il doit être placé à quelques centimètres de la personne contrôlée (5 cm), il capte le rayonnement de chaleur, et en général il ne donne un résultat (une valeur de température, en degrés) qu'après quelques secondes. Il crée une sensation de gêne, du fait de l'attente, et une impression de sujétion entre le contrôleur et le contrôlé. Il ralentit aussi le processus d'entrée sur site, on peut donc le réserver à un usage de levée de doute en cas de malaise d'une personne, et à l'entrée des sites peu fréquentés. Doté de piles ou rechargeable, il coûte entre 50 et 300 €, ce qui en fait l'équipement le moins cher : aussi on le trouvera sans doute de façon assez répandue. Il convient de le calibrer sur des personnes saines pour s'assurer régulièrement de son fonctionnement, voire d'ajouter systématiquement 0,5°C ou 1°C à la mesure : nombre de ces thermomètres nécessitent plusieurs prises successives avant de donner une température vraisemblable (il est fréquent d'obtenir une mesure inférieure à 35°C, même pour une personne installée à l'intérieur dans une pièce tempérée, et, en reproduisant la mesure on finit par obtenir 36°2 en le braquant sur l'intérieur de l'oreille).

La caméra de poing directionnelle de mesure de fièvre utilise une technologie de capteur thermographique (caméra mesurant le rayonnement infrarouge) produisant une image d'un format souvent assez petit (typiquement 160x120 pixels). La plupart de ces caméras proviennent de fournisseurs asiatiques. Toutefois, des modèles avec une résolution supérieure existent, notamment aux USA. Il n'y a en général pas de délai d'attente à la mesure. Ces caméras ont été initialement proposées pour contrôler des équipements ou des process industriels, avec une précision de 2, ou de quelques degrés. L'image est une représentation en couleur des températures, qui révèle une couleur particulière par plage de température, et/ou une couleur spécifique lorsque la température dépasse un seuil fixé (ex : 38°C). Mais elle n'est souvent peu ou pas calibrée, ce qui donne des outils dont la fiabilité déçoit. Elle comporte en général un mini-écran à l'arrière, et une sortie par un câble spécifique assez court, pour un affichage rapproché sur un portable posé juste à côté, via un logiciel propriétaire dédié. Elle coûte beaucoup plus cher qu'un thermomètre (plusieurs centaines d'euros, et parfois beaucoup plus). Si elle est utilisée au poing, l'opérateur doit bien maîtriser la distance de la mesure pour effectuer son contrôle. Le fait de la braquer vers une personne crée le même genre d'impression que le thermomètre. Si elle est utilisée posée sur un trépied et raccordée à un ordinateur portable placé juste derrière (en général une installation un peu branlante, où il est difficile de garantir la distance entre caméra et visage), elle ne donne pas de résultat précis car la distance aux personnes mesurées n'est pas bien calibrée, En effet, la température apparente d'un objet vu par une caméra thermographique diminue avec la distance. Un objet à une température de 40°C à moins d'un mètre pourra être mesuré à 35°C à 10 ou 20 mètres. La précision annoncée en dixièmes de degrés est une mesure de laboratoire dans des conditions parfaites, elle se révèle assez illusoire dans un hall d'entrée quelconque : cette mesure va varier lorsque la porte s'ouvre, entre le soir et le matin, lorsque les personnes s'approchent. De plus, elle dérive dans le temps. Ce type de produit nous semble présenter plus ou moins les mêmes défauts que le thermomètre.

La caméra de thermographie fixe, enfin, sera choisie dans les produits dont la sensibilité est adaptée à la mesure de fièvre, c'est à dire préférentiellement de 0,5°C à 0,28°C. Les résolutions d'images disponibles vont de 160x120 pixels (QCIF, à éviter) jusqu'à 640x480 pixels (4CIF), en passant par 320x240 (CIF) ou des formats de cet ordre (352x288). Comme pour la caméra de poing, de nombreuses caméras de thermographie existent aujourd'hui et une partie d'entre elles sont utilisées pour mesurer des températures dans des fours ou sur des process industriels, pour détecter des feux, ou de forts échauffements (précision de 2 à 8°C, plage de températures jusqu'à plusieurs centaines de degrés, voire plus). Il ne faut pas se tromper de produit. Elle sera installée en fixe dans le plafond, ou en hauteur, au niveau d'un parcours imposé pour l'entrée, avec une distance contrôlée au moment de la mesure, et un arrière plan maîtrisé (rideau ou mur). Idéalement, un parcours guidé par des guides file, ou des rideaux, avec un coude permettra de mesurer la température juste au passage du coude, à une distance contrôlée. On demandera aux personnes entrant dans ce parcours d'ôter au préalable leur visière, leur casque, et leurs lunettes (mais pas leur masque respiratoire, s'ils en portent un). Elle peut s'intégrer à un système de vidéo-surveillance et de contrôle d'accès (le plus souvent ONVIF, mais il y a encore des produits avec une sortie analogique).

Elle peut-être proposée sous plusieurs versions :

  • caméra précalibrée en usine. On trouve des précisions de mesure (elles doivent être issues de tests de laboratoires) de l'ordre de 2°C. Ces caméras disposent d'une calibration initiale, mais qui en général dérive dans le temps. La caméra doit être recalibrée. En pratique, il faut vérifier qu'elle détecte toujours, et changer éventuellement son seuil. Le principal souci vient de l'ambiance extérieure de la pièce, le seuil n'est pas le même le matin, que le midi, ni que le soir ou la nuit.
  • caméra à compensation de dérive interne (corps noir interne) : La précision est meilleure et il n'y a pas de dérive. Le prix est plus élevé.
  • caméra avec corps noir externe. Le principe est le même, mais le corps noir est externe. Dans ce cas, la caméra est vendue avec un cet équipement (le corps noir, en pratique il s'agit d'un bloc avec une face tiède) qui est placé en face d'elle dans l'image, alimenté, et qui assure une référence absolue de température lui permettant de se calibrer en continu. Moins compacte et moins complexe, la caméra est moins onéreuse.

Certaines caméras proposent une double prise de vue couleur et températures en simultané, de façon à permettre d'associer le visage de la personne à la température mesurée. Elles sont souvent proposées avec un enregistreur (NVR) et un écran pour afficher les images. Il faut se méfier de telles fonctions car l'enregistrement d'une vidéo avec des photos de visages et des températures revient à créer un fichier d'informations personnelles, strictement hors du cadre légal évoqué plus haut. On préférera donc un outil d'affichage ponctuel, sans enregistrement. Une capacité de détection et de commande d'un contact sec pour allumer un effecteur sera un plus.

Le prix d'une solution démarre à quelques milliers d'euros, mais peut dépasser les dix mille euros, il faut bien examiner les offres.

Nous proposons pour notre part, avec nos partenaires, une solution économique, et très fiable (Viper), reposant sur une caméra fixe ONVIF, et un corps noir, avec un matériel NUC Evitech doté du logiciel Jaguar permettant d'asservir un signal par un contact sec suite à une analyse de l'image.

Le NUC peut également être utilisé avec une autre caméra de votre choix. N'hésitez pas à nous contacter.

 

 

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